PIETRO ARCHIATI: Le combat pour l'Homme.

Connaissez-vous Pietro Archiati? Ce nom n'est encore guère connu en France. S'il est plus connu en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, c'est essentiellement parce que ses livres sont écrits en italien ou en allemand et que les conférences qu'il tient sont aussi tenues dans ces langues. Il n'existe à ce jour que quelques petits ouvrages traduits en français.
Pour tous ceux et celles qui sont en recherche de leur identité profonde, du sens de leur vie, d'une raison d'espérer dans le futur, les livres de cet auteur peuvent s'avérer utiles sinon indispensables. A lire ces livres, on peut se demander où Pietro Archiati a acquis ses connaissances aussi diversifiées que profondes. On peut trouver une partie de la réponse en se penchant sur sa biographie qui est, pour le moins, assez extraordinaire et qui révèle une personnalité hors du commun, en recherche constante de la vérité, afin de mieux servir l'Homme.
Il naît en 1944 en Italie, près du Lac de Garde, dans la plaine du Pô, à Capriano del Colle. Sa famille d'origine paysanne vit dans une modeste ferme située à 3km du bourg. Le seul motif d'orgueil du bourg est l'église dédiée à St-Michel qui a le plus haut clocher des environs...Pietro est le quatrième d'une fratrie de dix enfants. La famille vit à la limite de l'indigence: les repas quotidiens sont constitués par la "polenta", la nourriture des gens modestes. Le pain est bien trop cher pour constituer la nourriture quotidienne...Les enfants ont droit à un petit bout de cette denrée "de luxe", une fois par mois. Il en va naturellement de même pour la viande. Mais la famille est heureuse car elle possède deux richesses inestimables: les valeurs du coeur et la foi en Dieu. La mère a une approche religieuse simple et pragmatique: nul mendiant ou affamé ne frappe en vain à sa porte. Elle explique à ses enfants que tout pauvre qui se manifeste de la sorte est en réalité le Christ qui, sous un déguisement, vient mettre leur foi à l'épreuve. Et les enfants sont toujours prêts à se priver un peu, pour faire honneur à "l'hôte occasionnel". La famille connaît des moments difficiles, des épreuves, des privations, ce qui n'empêche nullement la prière commune le soir, à genoux...Le père reprend et explique l'évangile entendu le dimanche à l'office dominical et ce message est relaté avec tant d'amour, que tout le monde est ému, à commencer par le père qui parfois doit interrompre sa narration, emporté par une émotion profonde. Pietro Archiati rapporte ces évènements lors d'une conférence sur sa propre biographie, à la demande de son assistance. Une seule expérience qui ne se renouvellera pas, car il n'est pas sujet à s'extérioriser...
Il a relaté ces faits pour expliquer à l'assistance que pour lui, comme pour toute sa famille, parler du Christ n'était nullement évoquer une idée abstraite, mais une réalité concrète de la vie journalière. Un Christ plus présent que celui étudié bien des année plus tard lors de ses études théologiques... Mais n'anticipons pas... Sa scolarité primaire est celle de tous les enfants de son âge, à l'exception près que la ferme où il habite est éloignée de 3 km de l'école du village. Il doit donc, été comme hiver parcourir ce long chemin à pied...Il vit un évènement décisif, quand il a 9 ans et demie et que deux missionnaires viennent parler de Jésus-Christ devant une assemblée de jeunes garçons. Ils évoquent leur mission qui consiste à évangéliser les peuplades nombreuses "qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ". Le petit Pietro est effondré d'apprendre qu'un grand nombre de personnes ne connaissent pas encore le Christ, ce Christ qui tient une place si importante dans sa famille! Quand, à la fin de leur prêche, les missionnaires demandent qui, parmi les garçons présents seraient prêts à être missionnaires pour aller enseigner les peuples non encore évangélisés, Pietro n'hésite pas un instant! Son doigt se lève sans hésitation pour signifier sa détermination. Et voilà qu'à peine dix ans, il entre dans une école apostolique, en vue d'entreprendre de longues études pour devenir prêtre. Ces études le mèneront à Florence où le jeune "Lombard" apprendra la "langue de Dante", tellement différente de la sienne! Etudiant brillant, on lui accordera par la suite le privilège d'étudier la philosophie et la théologie à Rome dans l'institution catholique la plus prestigieuse: le Grégoriana où officient les professeurs les plus érudits, presque tous membres de l'ordre jésuite! Lui-même appartient à un ordre missionnaire différent sans lien avec celui des Jésuites. Pietro l'étudiant gardera toujours une certaine distance vis à vis du milieu jésuite.
Ces études lui ouvrent un monde bien différent de celui qui était le sien. Il cohabite et côtoie des étudiants du monde entier! Parmi la centaine d'étudiants, les Italiens seront même minoritaires dans cette société colorée et multiculturelle. Une nécessité s'imposait dès le départ: tout étudiant qui voulait échanger avec ses collègues se devait forcément de connaître au moins trois ou quatre langues, en plus du latin et du grec! Cela sera d'une grande utilité pour notre étudiant avide de savoir, curieux de tout.
Une chose le frappe, dès le début de ses études supérieures: la religion enseignée est essentiellement d'ordre dogmatique et bien éloignée de l'expérience simple mais bien vivante du "Christ" que le petit Pietro a vécu au sein de sa famille! Il se sent mal à l'aise dans cette atmosphère et commence à exprimer ses doutes à ses supérieurs. Il a 23 ans et il commence à se rebeller contre le système en place. Il se rend compte du fossé qui existe entre le message christique et la réalité de l'organisation puissante de la hiérarchie romaine. C'est l'époque des contestations, de 1968, où la jeunesse commence à se rebeller. C'est la période où l'Eglise commence à changer sous l'influence de Vatican II et de Jean XXIII. Pietro et ses amis étudiants commencent aussi à contester et à revendiquer des droits. Par exemple celui de disposer d'une clef pour entrer et sortir librement de l'espace universitaire, celui de lire des quotidiens, de boire des boissons alcoolisées, celui d'inviter des filles!.. Mais il s'occupe aussi de communautés de jeunes, des groupes de discussions. Pour éloigner ce sujet quelque peu encombrant, ses supérieurs l'envoient au Laos, pendant la guerre du Vietnam (dans les années 1968-1970), où il devra enseigner les matières principales, dans trois écoles publiques. Il aimera cette population pauvre et avide de savoir à telle enseigne qu'il apprendra sur place la langue laotienne pour être plus près des gens. Les temps sont très éprouvants et sa vie est souvent en danger, dans ce contexte de guerre violente.
Puis il est rappelé à Rome pour être ordonné prêtre. Aussitôt après, on l'envoie à New York, pour tenir une paroisse. L'endroit est agréable et le travail presque routinier. Il pourrait y couler des jours paisibles jusqu'à sa retraite... Arrive un évènement qui va changer toute sa vie. Un jour il se réveille sans voix, au sens littéral du mot: il ne peut plus parler. Privé de sa voix, il ne pouvait faire son travail. Il demande alors à ses supérieurs de lui permettre de s'isoler, pour qu'il puisse faire le point sur sa situation, en attendant de voir l'évolution de son invalidité. Il suggère un ermitage dans un endroit qu'il connaît bien, près du Lac de Côme. On lui accorde le droit de se retirer là-bas, le temps nécessaire à sa convalescence. Prenant le parti de prendre le bon côté des choses, il prend la résolution de profiter de ce repos forcé, pour étudier. Il a 34 ans et sa vie va soudain changer... Il commence à lire un livre à portée de main, d'un certain Massimo Scaligero. Et lui qui pendant ses études de philosophie a étudié à fond Aristote, Thomas d'Aquin et les idéalistes allemands, se voit confronté à une citation d'un certain "Rudolf Steiner" (1861-1925) qui lui est parfaitement inconnu. M. Scaligero, dans son livre, semble être feu et flamme pour cette personnalité qu'il qualifie de "Maître des temps nouveaux". Et voilà que Pietro Archiati est soudain envahi par une profonde certitude: voici celui que je cherchais...Il veut savoir qui est ce Rudolf Steiner et s'enquiert de sa littérature. Il trouve enfin à Milan un livre de cet auteur: "la philosophie de la liberté". Habitué aux textes philosophiques, il lit d'un trait le livre et en est ébloui. En l'espace de deux ans, il lira alors, debout devant un pupitre, à l'exemple des moines, les quelque 350 volumes des conférences et livres de Rudolf Steiner, à raison de 16 à18 heures de lecture par jour! En deux ans il a étudié toute son oeuvre qu'il relira par la suite sans cesse pour approfondir et faire mûrir sa connaissance... Entre temps un petit miracle s'est accompli: Pietro peut de nouveau parler, certes avec quelque difficulté, mais une de ses cordes vocales fonctionne à nouveau. Au fil des jours il pourra à nouveau enseigner presque normalement.
C'est à cette époque que ses ex-collègues d'études l'invitent à venir en Afrique du sud, pour assumer les fonctions de chargé de cours dans un séminaire. Pietro les informe que pendant son repos forcé il a découvert Rudolf Steiner et qu'il en est devenu un élève fervent et convaincu. Ils n'y voient aucun obstacle, d'une part parce qu'ils ignorent qui est Steiner et son enseignement, et d'autre part, parce qu'ils n'ont personne sous la main capable de se charger d'un travail difficile. Car il s'agit là non seulement d'être érudit, de connaître plusieurs langues, mais aussi d'être à l'aise dans les contacts humains et de bien connaître toutes les matières à enseigner, surtout la philosophie. Pietro Archiati accepte donc et va travailler durant cinq ans en Afrique du sud au temps de l'apartheid, de la ségrégation raciale. Les autorités de l'Eglise disposent à cette époque d'un grand pouvoir dans le pays et le gouvernement va tolérer une exception à la règle régissant dans cette partie de l'Afrique: noirs et blancs pourront étudier, côte à côte. Initié à l'enseignement de Rudolf Steiner, Pietro Archiati va s'efforcer d'inciter ses élèves à réfléchir plutôt que de mémoriser des matières juste le temps de passer des examens. Ses élèves ont entre 20 et 60 ans. Ils aiment leur professeur, s'étonnent de son savoir, apprécient sa cordialité, sa chaleur humaine. Pour Pietro Archiati c'est une expérience inoubliable.
Revenu au sein de l'organisation ecclésiale, il ne cache pas son attachement et son admiration pour le grand visionnaire et penseur Rudolf Steiner. Cela dérange grandement l'orthodoxie ambiante, surtout quand on discute le sujet de la réincarnation, qui fait partie de son enseignement. L'écart se creuse de plus en plus entre lui et sa hiérarchie. Finalement Pietro Archiati est prié soit de renoncer à ses idées, soit de quitter l'organisation, ce qu'il fait sans hésiter et sans se soucier des problèmes matériels qui vont se poser immédiatement pour lui. Il part avec comme seul bagage ses livres, sans un sou, confiant en son étoile et sûr d'avoir fait le bon choix. Un grand appel vivait désormais en son coeur: au contact de toutes sortes de populations, il avait pris conscience des détresses humaines, du fossé existant entre ceux qui ont le pouvoir sous toutes ses formes et le reste de l'humanité. Notre société matérialiste a peu à peu éradiqué la dignité humaine, en ravalant l'individu au simple rang d'un rouage au sein d'une grosse machine, uniquement axée sur le profit sans limite. Rudolf Steiner, toute sa vie durant, avait essayé d'ouvrir la conscience des hommes à leur véritable identité d'ordre spirituelle et avait insisté sur le fait que toutes les structures, toute la politique sociale devaient tenir compte de ce fait, pour ne pas générer une société d'affrontements et de violence. Il a initiée une science spirituelle pour compléter les sciences naturelles incapables, de par leur approche essentiellement matérielle, de révéler la véritable nature de l'être humain dont les racines sont à chercher dans le monde spirituel et non dans le monde physique.
Pietro Archiati vit en Allemagne depuis 1987 et a créé depuis sa propre maison d'édition dans ce pays, ainsi qu'en Italie. Il a écrit de nombreux ouvrages et se consacre actuellement essentiellement à rééditer, après un contrôle minutieux des différentes sources, les conférences de Rudolf Steiner. Il veut ainsi contribuer à éveiller les consciences humaines de plus en plus enfermées dans une vision de l'homme qui, au lieu de donner un sens à la vie, la vocation de créer, d'être utile, le paralyse dans le désespoir et la peur. Pietro Archiati donne à longueur d'années des conférences en Allemagne, en Suisse et en Italie. Il veut redonner à l'individualité humaine la place centrale qui lui revient de par son origine, de par sa vocation, dans toutes les activités de la vie sociale. On ne peut que regretter que son travail soit encore mal connu en France. Cela vient du fait que seuls quelque petits ouvrages ont été traduits en français qui ne sont généralement connus que par une minorité de lecteurs, qui connaissent déjà plus ou moins l'oeuvre de Rudolf Steiner.
Un de ses ouvrages particulièrement passionnant vient d'être édité dans une traduction française. Il s'agit du titre "LE MYSTERE DE L'AMOUR, la logique du coeur". Pietro Archiati aborde un sujet que l'on pense quelque peu élimé sous des angles vraiment nouveaux. Le livre est une source quasi inépuisable de découvertes qui poussent à la réflexion personnelle, un exercice très cher au coeur de l'auteur. Cet ouvrage en est à sa cinquième édition en Allemagne, ce qui démontre sa valeur et sa richesse. Cet ouvrage peut être acheté via internet: soit directement chez l'éditeur, dans sa librairie en ligne, sous la catégorie sciences humaines (Editions APARIS-Edifree / www.edifree.com / infos@edifree.com ) soit sur les sites Amazon , Alapage ou Chapitre. Espérons que, comme ce fut le cas en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Italie, le "bouche à oreille" des lecteurs suffise à assurer la publicité de ce livre tout particulier.